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Urgence sociale, urgence carbone, même combat

Remis à Valérie Létard, ministre du Logement, début juillet, le rapport dit Rivation veut relancer la production en crise : construire plus, vite, à moindre coût, en simplifiant les règles. Mais en voulant aller vite, les auteurs du document passent à côté d'un élément structurant toute politique de logement : l'architecture et l'urbanisme au sens large. Rien ou presque sur la qualité du logement, l'intelligence des territoires, la transformation et la rénovation du bâti existant.

Et l'enjeu climatique ? Réduit à quelques chiffres. Pourtant, le bâtiment pèse encore près de 25% des émissions nationales de gaz à effet de serre. Les gains carbone estimés par la RE 2020 sont déjà contestés, les surcoûts qui y sont liés, nous explique-t-on, risque que freiner l'offre. Heureusement, pour le moment, les seuils de la RE 2020 ne sont pas trop bousculés.

La question : peut-on sérieusement répondre à l'urgence sociale en aggravant l'urgence carbone ? "Vous avez 4 heures..." Dans ce contexte, faire architecture n'est pas un luxe. Seuls les architectes, épaulés par les ingénieurs et les entreprises, sont à même de penser densité, désir d'habiter, sobriété - "Frugalité heureuse et créative" - cadre de vie et design. 

Ils savent faire mieux avec moins, réemployer, adapter, intégrer. Sans architecture, pas de ville vivable, pas d'avenir soutenable. Le logement et ses occupants méritent mieux que des mètres carrés standardisés. Sans une place centrale accordée à l'architecture et à l'urbanisme, aucune stratégie nationale ne pourra répondre aux enjeux du logement du climat. 
C'est à cette condition que la transition écologique du secteur du bâtiment pourra advenir.

Stéphane Miget, rédacteur en chef