Atrium 103

La nécessité de réparer et de reconstruire est inscrite dans l'ADN même du bâtiment. À peine sortie de terre par l'œuvre des Hommes, comme la montagne par celle du plissement terrestre, toute construction subit une dégradation régulière due à l'action des éléments de l'atmosphère, une sorte d'érosion que seuls des soins réguliers peuvent enrayer. Souvent, ces soins se font par petites touches qui trouveront leurs places sur le temps long, comme une patiente reprise, presque imperceptible. Mais, quand la guerre sème la destruction, elle fait parfois "table rase", laissant les Hommes désemparés face au vide créé dans le tissu urbain et l'annihilation de ses fonctions vitales. La nécessaire reconstruction impose alors que son style à grande échelle. Usage, époque, changement sociétaux et préoccupations du temps tissent un nouvel espace cicatriciel ne pouvant passer inaperçu, marquant certaines villes européennes d'une unité architecturale faisant parfois débat, mais dont la réalisation s'est inscrite dans une volonté de renaissance souvent initiée avec le concours des grands esprits du moment. Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une déambulation dans les rues du Havre d'Auguste Perret nous convainc que le tissu n'est plus cicatriciel et qu'une certaine quiétude a, de nouveau, pu s'installer dans cette ancienne ville martyre, avec la patine du temps et le retour d'éléments végétaux. Ce patrimoine, résolument humaniste et volontariste, héritage des suites des deux conflits mondiaux de la moitié du 20ᵉ siècle, mérite, aujourd'hui, notre regard attentif et demande de nos soins.

Bernard Lechevalier
Rédacteur en chef